C comme Culpabilité

culpabilitePartout où apparaît de la culpabilité entre deux personnes, nous pouvons déceler que s’est établi entre elles, inconsciemment, un lien de parenté. L’un prend la posture du parent et l’autre de l’enfant, et réciproquement, selon les situations.

Entre deux êtres, deux âmes, deux adultes, d’égal à égal, le sentiment de culpabilité n’existe pas. Il y a respect, communication, tolérance et transparence.

Dans une relation à deux, quand, à tour de rôle, l’un des deux joue de son autorité sur l’autre, la culpabilité fait son apparition.

Chacun peut se comporter tantôt comme le parent qui déresponsabilise l’enfant, tantôt comme l’enfant qui cherche à plaire ou à faire plaisir à ce parent insatisfait et exigeant. L’un et l’autre vivent de la culpabilité, restent dans des attentes et ne sont pas à 100%.dans leur responsabilité.

Aucun des deux n’exprime jamais ouvertement et clairement ses besoins et ses envies, et chacun, en secret, attend que l’autre y réponde. En fait, aucun des deux ne prend ses responsabilités. Chacun a plutôt tendance à prendre en main celles de l’autre. C’est tellement plus facile. Une relation de dépendance s’est instaurée où aucun n’est libre d’agir à sa guise et vit dans une peur du regard de l’autre.

Nous sommes tous sujets, dans notre vie, à de la culpabilité. En voici un exemple simple.

Coup de fil d’une cliente :

« – Je ne peux pas venir aujourd’hui, j’ai eu une dépense imprévue, je préfère reporter notre rendez-vous à la fin du mois.

– Pas de problème, faites comme vous voulez. Maintenant, si vous avez envie de venir aujourd’hui, nous pouvons faire cette consultation et j’encaisserai votre chèque plus tard à votre convenance.

– Non, ça me gêne de ne pas pouvoir vous payer tout de suite ! »

C’est drôle, le nombre de fois où nous agissons et répondons avec de la culpabilité ! On dirait que nous nous habituons, avec le temps, à réagir instantanément en culpabilisant pour des choses parfois insignifiantes. Nous avons besoin de nous justifier sans arrêt de ne pas pouvoir « faire » pour l’autre.

La culpabilité nous pousse à avoir l’impression de devoir toujours nous justifier de faire ou de ne pas faire auprès d’une autorité, afin d’éviter les disputes ou le jugement. Nous ne sommes alors pas notre propre référent. Nous devons rendre des comptes aux autres et cela peu importe l’âge que nous avons quand nous vivons nos rapports en y mettant trop d‘affect. Nous agissons par peur de tomber dans la culpabilité.

Je remarque qu’il y a des points communs entre toutes les personnes sujettes à la culpabilité : l’hypersensibilité, l’empathie et un lien inégal dans les rapports humains.

Le coupable a vécu sous influence forte de l’autorité parentale pendant son enfance et son adolescence, ce qui le rend facilement déstabilisable par les personnes qui ont autorité sur lui, famille, amis, patrons, collègues… Cette autorité, autrefois, lui a largement dicté ses croyances d’aujourd’hui et l’a peu responsabilisé.

En grandissant, se créent des dépendances avec les personnes que nous rencontrons et subsiste le besoin des autres pour exister. Les relations se vivent sur le mode parents-enfant.

Ce modèle se répète à l’infini dans les rapports humains adultes. Chacun est, tour à tour, le parent puis l’enfant, le soumis qui culpabilise de ne pas faire ou le dirigeant qui attend que l’autre exécute ses souhaits cachés. Celui qui prend le rôle du parent, un temps, se croit supérieur et mieux placé pour diriger l’autre et se faire servir, en ne lui laissant prendre aucune responsabilité. La relation est faussée et ne se vit pas d’adulte à adulte. Il demeure une relation de supériorité de l’un sur l’autre sans rapport d’égal à égal. L’un devient le parent et l’autre, l’enfant obligé d’écouter ce parent qui sait mieux ce qui est bon pour lui ou contraint de se soumettre à ses besoins sans broncher, voire même en les précédant.

Cette croyance de devoir quelque chose à l’autre est bien ancrée dans leur tête : elle les conduit à penser et à juger toutes les situations de la vie comme bonnes ou mauvaises, et à ressentir beaucoup de culpabilité dès qu’ils sont en relation avec des personnes ayant autorité sur eux. Le sentiment de ne pas “bien” faire les rend vulnérables, attire les critiques et les déstabilise.

Dans la majorité des cas rencontrés lors de mes consultations, nous culpabilisons de ne pas faire, de mal faire ou de ne pas répondre à l’attente de l’autre.

En observant les situations, nous pouvons constater que ces fameuses demandes n’ont pas été clairement énoncées. Parfois, elles n’ont pas été verbalisées du tout. Et nous n’avons signé aucun contrat. Et pourtant nous nous croyons terriblement engagés. Comme par hasard, cette demande tombe justement lorsque nous sommes dans l’incapacité d’y répondre facilement.

Avec un peu plus de discernement, nous prendrions conscience que ces demandes ne peuvent être satisfaites que par la personne concernée. C’est elle-même qui devrait se prendre en main. Mais elle préfère compter sur quelqu’un d’autre, sur la personne « bien gentille», infantilisée, qui n’osera pas dire non.

Que se passe-t-il ?

L’un attend et fulmine, l’autre rumine en cachette, se met sous pression et s’entortille les neurones en se disant qu’il n’est pas gentil de ne pas répondre à la « demande ». En même temps, c’est compliqué : sa vie, ses capacités, ses forces l’en empêchent.

Si nous regardons la scène de plus près et cherchons à comprendre ce qui crée ce sentiment de culpabilité, nous verrions la dépendance de l’un vis-à-vis de l’autre. Le demandeur attend et le « coupable » le fait attendre. Rien ne se fait en définitive ! Mais que d’énergie mobilisée pour rien.

Si la communication était claire au départ :

« J’ai besoin que tu fasses cela pour moi ! »

« Je ne peux pas le faire, c’est ta responsabilité et non la mienne.»

Si chacun écoutait et respectait suffisamment l’autre, chacun prendrait sa juste place et ses responsabilités en main et il n’y aurait aucun sentiment de culpabilité ni de dépendance.

Et si ces non-dits, ces sous-entendus, ces attentes, ces non-demandes qui soulèvent tant de culpabilité n’étaient qu’un moyen de fuir nos propres responsabilités, nos propres actions à mener ?

Si nous succombons si facilement à la culpabilité, ne serait-ce pas une fuite devant nos épreuves, nos difficultés personnelles ? N’est-ce pas le manque de confiance en nous qui nous fait croire qu’il faudrait d’abord s’occuper de l’autre ?

En définitive, si ces attentes qui nous mettent la pression tombent toujours au mauvais moment, n’est-ce pas l’opportunité de comprendre qu’il est temps de faire avancer notre propre vie ?

Allons-nous passer le restant de notre vie à juger toutes les situations sans agir pour nous-mêmes? Allons-nous rester coincés entre nos théories du bien et du mal ?

Demandons nous si nous sommes dans une relation d’adultes quand nous ressentons de la culpabilité.

Manipulation, dépendance, problème de positionnement, mauvaise communication, croyances… Dur, la culpabilité, comme sentiment pour se sentir bien dans ses baskets.

 

 

21 commentaires sur “C comme Culpabilité

  1. La dépendance vaste sujet et difficile situation..Quand on y réfléchit on est tous( à des niveaux différents)plus ou moins dépendants de quelqu’un, d’une situation, ou de quelque chose,parfois sans l’avoir voulu. C’est arrivé ,il est dur de s’y soustraire…. Merci. Avec le D il y avait aussi :désert, désir,dévasté….♥

    1. Bonjour Jaqueline,
      D comme dépendance sort d’ici quelques jours :o)
      Le tout est de savoir si on est heureux quand on est dépendant de quelqu’un ou de quelque chose. Et si ce n’est pas le cas…
      Bon week-end…
      Marie-Laure

  2. Cela résonne beaucoup en moi…actuellement dans une espèce d’impasse: je lui fait part de mon ressenti, il me répond par des reproches, comme s’il découvrait qui je suis…Je ne me sens pas entendue…Je ne me sens plus coupable de ressentir ce que je ressens, j’essaie de comprendre ce qui se passe en moi…Pourriez-vous m’éclairer Marie-Lore ?

    1. Bonjour Lou,
      Vous êtes dans le positionnement de votre être. Je ne comprends pas bien votre question et où le problème se situe. S’il n’y a plus de culpabilité, vous n’êtes plus dans le cadre ou l’un des deux a autorité sur l’autre. Vous êtes donc dans votre état d’adulte où vous prenez vos responsabilités.
      Bon week-end
      :o)

  3. bjr, j’ai beaucoup aimé votre analyse de ce piège de la culpabilité qui peut être à vie, sauf à mettre le doigt dessus comme vous le faites. En effet qui peut décider “du bien et du mal”? Et pourtant nous le faisons et avec tant d’appriori, et de façon si drastique, quand il s’agit surtout de nous. l’Ecriture dit ” ne juge pas, si tu ne veux pas qu’on te juge”, pour les autres, mais aussi pour nous-mêmes : et ça on l’oublie! Réussir à abolir la culpabilité, c’est un peu retrouver de la liberté d’agir…et un peu de sérénité.je vous remercie de ce billet : il arrive, quand à moi, juste à point dans les évènements de ma vie. merci encore.

  4. Pour rebondir sur ce qui est dit juste au dessus je pense que, de la molécule au cosmos, TOUT est en interdépendance et qu’ un poids énorme peut être enlevé quand on accepte ce fait. Et comme je l’ai lu dernièrement dans un très bon livre, je pense aussi qu”être libre, c’est ne pas faire porter à autrui la responsabilité de nos besoins”….

  5. BONJOUR MOI JE SUIS CONFRONTER A DES MEDIUMS QUI ME CONTACTS QUI ME FAUT CULPABILISER COMME JE NE VEUX PAS FAIRE DE VOYANCE ILS ME DISENT QUE JE VAIS BLOQUER MES CHANCES OPPORTUNITEES JE VEUX SAVOIR COMME VOUS ETES TRES FRANCHE SI CELA EST VRAI ?MERCI MARIE LAURE

  6. Bonjour Marie Lore,
    C’est la définition la plus claire et la plus utile ´operationnellement´ que j’ai lu sur la culpabilité.
    Un grand merci pour vos écrits si pertinents et éclairants !

    1. Oui cela demande une grande conscience de l’instant et de l’échange relationnel que nous avons avec l’autre. Relation d’adulte ou d’autorité et de supériorité de l’un sur l’autre.
      :o))

  7. Culpabilité…et dépendance. Nous y voilà ! bien heureuse de terminer l’année sur ce sujet :-)!!
    Merci Marie-Laure pour ces eclaircissements, car c’est vraiment limpide, et tellement juste…
    A très vite !

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